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La Jeune Peinture Belge Delevoy Robert L

La Jeune Peinture Belge
Delevoy, Robert L.


Editions Formes, Paris-Bruxelles, 1946.


In-8, couverture illustrée et rempliée, 222 pp.
Mention de deuxième édition. Avec 115 illustrations in texte ou en hors-texte en noir et blanc ou en couleurs.
Bon état. Deux accrocs sans gravité sur le dos.



Livre non disponible
L'histoire de la Jeune Peinture Belge, association artistique fondée le 3 juillet 1945, est indissociable du critique et galeriste Robert L. Delevoy, futur directeur de l'école de La Cambre. Apollo, sa galerie bruxelloise, fut fondée en 1941. Elle devait jouer durant la guerre et dans l'après-guerre un rôle comparable à celui qu'avaient joué les galeries Selection et Centaure pendant l'entre-deux-guerres. Durant plus d'une décennie, entre 1941 et 1953, la galerie Apollo fut au coeur de l'activité artistique bruxelloise et participa activement à la promotion d'un groupe de jeunes artistes décidés à rompre avec "la petite sensation" du courant néo-humaniste dominant -l'Animisme de Paul Haesaerts. Selon Delevoy, la montée en ligne de la génération expressionniste des années 20, avec Permeke et Brusselmans en chefs de file, avait aboli la vassalité de l'art belge à l'égard de la France en renouant avec les sources constructives flamandes. Avec le retour au réalisme poétique dans les années 30, la tradition objective d'un art fondé sur l'anecdote avait vidé l'art belge de l'"esprit offensif" de ses devanciers, au point de sombrer dans le renoncement et de "tomber dans une apathie que la propagande réactionnaire allait entretenir" . C'est à la nouvelle génération d'artistes, celle qui va émerger dans les années 40, que s'en remet Delevoy pour "organiser sa propre résistance et ne point se terrer dans une stérile inaction." La fermeture des musées et la rareté des manifestations culturelles pendant les années de guerre avaient condamné les artistes belges au repli intérieur. C'est dire l'importance des expositions annuelles organisées, dès 1941, au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles par le groupe "Apport." Leur exposition expérimentale, précise Delevoy, groupait quinze peintres et deux sculpteurs, artistes de Flandre et de Wallonie." Dans la mythologie artistique d'après-guerre, "Apport 41" a été comparé à l'exposition parisienne des "Jeunes Peintres de tradition française", qui regroupait Bazaine, Manessier... à la galerie Braun : un événement, réel et mythifié, entre modernité artistique et résistance culturelle à l'occupant. La galerie Apollo, où se déroulaient des soirées musicales et théâtrales, des récitals de poésie dans Bruxelles occupée, est ensuite devenu le port d'attache des salons Apport, qui permirent à de jeunes peintres tels que Gaston Bertrand, Louis Van Lint, Marc Mendelson, Jan Cox et Anne Bonnet, entre autres, de réinventer ce qui fut perçu comme une "nouvelle peinture", soucieuse de privilégier la vision intérieure au détriment du concret. La conjonction des efforts de la galerie pour maintenir une vie culturelle et le succès grandissant des salons annuels du groupe Apport menèrent, dans l'immédiat après-guerre, à la création de l'association de la Jeune Peinture belge. Delevoy devint le secrétaire de cette association (James Ensor en était le président d'honneur) qui donna un visage inédit à une "nouvelle génération" d'artistes belges. Aux membres-fondateurs (Bertrand, Quinet, Anthoons, Slabbinck, Bertrand, Mendelson, Van Lint, Bonnet...), vinrent ensuite se joindre de nouveaux artistes tels que Luc Peire et Pierre Alechinsky, qui évoluèrent tous dans des voies différentes et singulières, preuve de l'hétérogénéité de ce groupe voué à une existence aussi féconde qu'éphémère. En 1946, année de la publication de l'essai de R. Delevoy, La galerie de France présentait à Paris La Jeune Peinture belge. L'association fut dissoute en 1948, après le décès de son président, l'avocat René Lust. En 1949, la galerie Apollo s'ouvrait au mouvement Cobra et à l'abstraction.