ARTICLES


Ernest Nivet sculpteur Tillier Bertrand

Ernest Nivet sculpteur
Tillier, Bertrand


s.éd., Chateauroux, 1987.


In-8, broché sous couverture illustrée en noir, 208 pp.
Nombreuses illustrations et fac-simile en noir et blanc in texte.
Bon état. La page de titre a été arrachée.



Livre non disponible
Rare monographie du sculpteur berrichon Ernest Nivet (1871-1948), surnommé le "Millet de la sculpture", pour son intéret constant pour le monde des paysans du Berry.


Fils d'un journalier, Nivet fit ses débuts chez un tailleur de pierre, avant d'entrer à l'école de Dessin de Chateauroux. Remarqué par son professeur Jean-Baptiste Bourda, il rejoint Paris en 1891. Pendant quatre années, il fit partie, au même titre que Pompon, des nombreux praticiens de l'atelier Rodin, mais préféra rompre avec ce maître trop accaparant afin de faire oeuvre personnelle. En 1895, il abandonne Rodin et Paris et retourne à Chateauroux, qu'il ne quittera plus. Sa vie sera dès lors ponctuée par son travail dans l'atelier, ses expositions au Salon des Artistes Français, ses bustes de figures locales et ses commandes publiques de monuments aux morts berrichons qui tranchent résolument avec le culte républicain de l'héroïsme, insistant au contraire sur la douleur irréparable de la séparation ; Séverine, journaliste et écrivaine libertaire, se prit de passion pour son premier monument aux morts, réalisé en 1900 à Buzançais, au point de devenir le soutien indéfectible du "gars Nivet" dans la presse :  "Je pense que, pour Paris, une statue eût mieux servi l'idéal qu'on entendait fixer là. J'en sais une pour ma part, qu'il est impossible de regarder sans une émotion profonde [...] Elle est due au ciseau d'Ernest Nivet - ce Millet de la sculpture! Elle est la simplicité même : contre une stèle, une vieille femme debout, portant coiffe et châle berrichons, s'appuie, éplorée. Au creux de son bras droit, le visage s'enfouit : le bras gauche, distendu, porte une petite couronne. C'est une maman et elle pleure. Je défie le plus endurci de rester insensible devant ce monument-là [...] Il s'agissait non pas de perpétuer la guerre -l'horrible guerre!- par la répétition de la vision meurtrière, mais de répandre dans les âmes, comme sur les tombeaux, une sérénité surhumaine." Suivront le monument aux morts d'Issoudun, en 1911, de Levroux, en 1920, de La Châtre, en 1923, et de Chateauroux, en 1932. Hugues Lapaire a consacré un chapitre de ses Portraits berrichons, parus en 1927, à Nivet.