Boris Groys montre que le réalisme socialiste n'est pas le symptôme du triomphe du kitsch populaire sur l'avant-garde, encore moins la lubie d'un dictateur inculte. A ses yeux, "le réalisme socialiste est la forme réfléchie et ordonnée du triomphe de l'artiste : l'organisation de toute la vie de la société selon une forme artistique unique qui précisément fait la synthèse de l'avant-garde et du kitsch. A ceci près que l'artiste suprême ne s'appelle plus Malevitch, Rodchenko ou Lissitzky, mais Staline oeuvre d'art totale. 

"L'archéologie esthétique de Borys Groys n'a pas seulement le mérite d'éclairer le passé. Elle explique le présent, notamment pourquoi aujourd'hui encore, dans l'URSS de la glasnost et de la perestroïka, l'avant-garde et le réalisme socialiste restent également tabous, et également refusés par le peuple, toujours pris l'une comme l'autre dans le même cauchemar."

Né à Berlin en 1947, Boris Groys a enseigné à l'université de Moscou de 1971 à 1981, puis à Münster.