Directeur et fondateur de la "La Revue des arts décoratifs" en 1880, Victor Champier (1851-1929) fut nommé peu après à la tête de l'Ecole nationale supérieure des arts et industries textiles de Roubaix, dont les bâtiments furent édifiés par l'architecte Dutert. Dotée d'un musée, cette institution originale répondait aux voeux de la direction des Beaux-Arts sous la Troisième République naissante : favoriser l'alliance des arts et de l'industrie au coeur même des grands centres industriels. "L'art doit avoir avant tout un rôle d'utilité publique en préparant à des métiers lucratifs.  [...]", déclarait-il lors de son discours inaugural. "Laissons aux écoles des Beaux-Arts proprement dites le soin de former des peintres, des sculpteurs [...]. Quant à nous, Ecole d'art industriel, notre devoir est tout autre. Il consiste d'abord à ne pas séparer l'art du métier [...]"
Son étude historique sur le mobilier flamand ancre dans l'histoire cette volonté de renouveler la hiérarchie traditionnelle des arts. Aux yeux de Champier, promouvoir l'émergence du beau dans la société démocratique impliquait de réinventer l'enseignement de ces savoir-faire populaires.