Au XIXe siècle,
Edouard Reynart fut la grande figure de ce qui ne s'appelait pas encore le musée des Beaux-Arts de
Lille. Conservateur de 1841 à 1879 - après avoir été quelques années l'adjoint de Bonnier de Layens, son prédécesseur -,
Reynart, qui ne conserva son poste en 1848 qu'au prix d'un renoncement à ses émoluments, va élever le
musée de Lille "au tout premier rang de ceux de province" (Hervé Oursel) grâce à ses talents d'administrateur.
Son rôle dans la politique d'acquisitions du musée s'avéra déterminant : de 1841 à 1875, le nombre d'oeuvres est ainsi passé de 188 à 715 numéros. Les relations de cet homme privilégié, peintre à ses heures, vont notamment susciter des donations majeures (
Leleux et
Brasseur) et favoriser les envois de l'Etat. Conséquence logique de cet accroissement des collections,
Reynart finit par obtenir l'accord de sa municipalité pour le déménagement des collections vers le deuxième étage de l'Hôtel de ville, beaucoup plus spacieux que l'ancienne chapelle des Récollets. Son portrait en médaillon par
Carpeaux -agrémenté d'une dédicace chaleureuse du sculpteur (1867, musée de Lille-) témoigne des liens profonds que
Reynart avait noués avec les artistes de son temps.
Cette quatrième édition de 1869 apportait de notables changements aux précédents catalogues du
musée de Lille :
Reynart y abandonne pour la première fois le classement par écoles de peinture au profit d'un classement alphabétique : "la classification des peintres et la disposition absolue des tableaux par écoles dans des salles spéciales à chacune d'elles ne nous a semblé d'une exécution possible que dans un grand centre ; après avoir essayé de cette méthode suivie avec tant de succès dans les galeries du Louvre, nous y avons renoncé pour adopter l'ordre alphabétique qui rend plus facile les recherches du visiteur." (
Ed. Reynart)
La préface de l'auteur présente par ailleurs un court mais précieux résumé de l'histoire du
musée de Lille depuis les années révolutionnaires.