On doit à
François Buisson (1753-1814), imprimeur-libraire en activité depuis 1783, la première publication d'un
Salon de Denis Diderot. Publié en 1795, ce recueil, qui comprenait le
Salon de 1765 et l'
Essai sur la peinture, constituait cependant une édition partielle des écrits esthétiques de
Diderot. En 1798, Jacques-André Naigeon en proposa une édition augmentée, mais la première édition complète des
Salons ne fut publiée qu'en... 1876 par
Maurice Tourneux.
De 1759 à 1781,
Diderot écrivit neuf
Salons pour la
Correspondance Littéraire, à la demande de
Melchior Grimm. Réservés aux seuls abonnés de cette publication littéraire étrangère (dont Catherine II...), les
Salons de
Diderot étaient restés en France à l'état de manuscrits. Cette confidentialité préserva
Diderot de toute forme de censure, lui offrant une impunité exceptionnelle pour l'époque. Cette liberté de ton inédite, qui assura plus tard le succès des
Salons, permit à
Diderot de faire de la critique d'art un nouveau genre littéraire. Les
Salons prirent la forme de lettres adressées à
Grimm, commençant par la formule "Mon Ami", et se poursuivaient sur le mode inhabituel de la conversation. On sait à quel point ce mode dialogique était constitutif de l'écriture tant littéraire que critique de
Diderot. Avec le
Salon de 1767, le
Salon de 1765 manifeste le plein épanouissement de ce nouvel art de la critique, qui combinait la description des oeuvres et leur interprétation.
Les
Essais sur la peinture, quant à eux, furent rédigés en 1766 et publiés dans la
Correspondance littéraire (août, novembre et décembre) de la même année. Dans un ton presque familier, sinon provocant,
Diderot s'affirme en adversaire farouche de l'enseignement académique et rejette le
maniéré au profit d'une observation plus scrupuleuse de la nature. A l'origine, ce traité ne comprenait que cinq chapitres, et fut ensuite augmenté de deux chapitres sur l'architecture et d'un supplément au troisième chapitre, qui concernait l'examen du clair-obscur.
L'édition Buisson de 1795 -la première- comprenait bien les sept chapitres des
Essais sur la peinture, mais ne comportait pas le supplément.
Un an après cette première parution, les
Essais furent rapidement diffusés et traduits en Allemagne et
Goethe, puis
Schiller, découvrirent le texte de
Diderot dès 1796.
Goethe fut à ce point impressionné par ce texte qu'il entra d'une certaine manière en dialogue avec
Diderot en publiant dans la revue
Propylées, en 1799, une traduction commentée qui constituait une lecture de nature polémique de la question de la
mimesis chez
Diderot :
Diderots Versuch über die Malerei.